3 questions à Yves Gregnanin, Animateur du groupe de travail Energie / Environnement de la Fédération des Ascenseurs

 

Organisme centenaire, la Fédération des Ascenseurs s’inscrit dans la transformation et l’évolution de la cité au quotidien. Ascenseurs, appareils mécaniques, monte-charges, la mobilité verticale joue un rôle essentiel dans le développement des villes.
Comptabilisant 170 entreprises adhérentes, la Fédération représente aujourd’hui 90% du secteur. Que ce soit sur les sujets d’accessibilité, d’énergie ou encore d’efficacité urbaine, l’engagement de ces sociétés dans la transition énergétique est efficient. Pour autant, innovations et solutions de développement durable manquent encore cruellement de visibilité.
Membre de PEP ecopassport depuis juin 2020, son ambition est de faire rayonner l’investissement de ses acteurs dans les problématiques environnementales. Rencontre avec Yves Gregnanin, animateur du groupe de travail Energie Environnement de la Fédération des Ascenseurs. 

 

Comment définiriez-vous votre politique environnementale actuelle ?

Il est avant tout important de rappeler que la définition d’une politique environnementale est une affaire propre à chaque entreprise. En tant que Fédération, notre objectif est d’impliquer les acteurs du secteur dans le processus. On constate de plus en plus la volonté de nos adhérents d’avancer dans les sujets de sobriété énergétique et d’environnement. La Fédération des Ascenseurs est donc là pour leur donner les moyens de comprendre les contraintes métiers, les points entrants mais aussi les aider à appréhender le sujet de l’énergie et partager une philosophie, une vision.
Dans des exemples assez courants autour de l’énergie, on parle de l’empreinte carbone, de transition énergétique : ce sont des questions sur lesquelles, bien évidemment, toutes les entreprises travaillent. Cet objectif est partagé mais en fonction de leurs structures ou de leurs tailles, (de dimension internationale ou pas), ces sujets sont à des niveaux très différents. Aujourd’hui, on sait faire des ascenseurs « 0 kWh » … C’est très motivant de savoir qu’en 2020, on peut se permettre d’avoir des ascenseurs qui sont alimentés par du solaire, par de l’éolien, sur lesquels on va mettre des batteries… La facture pour le consommateur final sera finalement très proche du 0 kWh !

Pourquoi avoir adhéré au programme PEP ecopassport et quelles sont vos attentes ?

C’était un passage obligé ! Beaucoup de nos sociétés adhérentes sont présentes en Europe, certaines même au niveau international. Le programme E+C- a été l’élément déclencheur. Avec l’objectif de la RE2020, ce sont deux leviers qui nous ont fait prendre conscience qu’il fallait, en France, travailler sur le sujet, l’investir, et y répondre favorablement. Grâce à l’expérimentation E+C-, le lot technique « ascenseur » a enfin été pris en compte dans les problématiques énergétiques du bâtiment. Cela faisait des années, que ce soit à travers la loi de transition énergétique de 2015 ou à travers les autres directives environnementales, que la profession demandait à ce que l’ascenseur soit intégré dans ces réflexions. E+C- a ouvert 3 ou 4 lots techniques qui ne l’étaient pas jusque là dans la RE2020. On est désormais considéré. Il nous fallait donc sortir notre propre fiche française.
Cette démarche environnementale est un vrai combat pour le secteur. On parle souvent de chauffage, d’électricité, mais rarement de l’ascenseur. Quelque part, nous pouvons valoriser l’innovation de la profession. Car depuis longtemps, un travail de fond sur la consommation énergétique a été réalisé. Avec la déclaration environnementale, l’analyse du cycle de vie du bâtiment est aussi prise en compte, ce qui nous a permis d’intégrer un scope environnemental plus large.
Aujourd’hui, un ascenseur neuf consomme 6 fois moins que dans les années 1960. Cet aspect n’était pas visible en France.
L’objectif est aussi de mettre en lumière l’innovation technologique en terme environnemental : des câbles de traction devenus des courroies en polyuréthane minimisant les pertes d’énergie de frottement ; des moteurs plus compacts et plus performants consommant très peu d’énergie… La compacité des produits a, de fait, libérée des mètres carrés dans les bâtiments. Plus besoin de construire un édicule spécifique à l’ascenseur sur les toits-terrasse par exemple ! On a ainsi amélioré un impact carbone à proprement parlé dans la construction du bâtiment sur quelques mètres carrés. 

Idéalement, quelle serait votre politique environnementale dans 5 ans ?

Nous souhaiterions que cette mise en lumière résonne au-delà du site du programme PEP ecopassport ou de la base Inies. Peut-être que les industriels qui travaillaient déjà avec Environdec vont mettre en place leurs fiches individuelles sur certains produits en France…mais là, c’est encore la stratégie propre à chacun !
Le second challenge concerne toutes les PME qui peuvent être aussi amenées à faire de l’installation d’équipements qui ne sont pas de leurs propres productions. La courbe d’apprentissage sera plus lente. Mais nous avons bon espoir que cela se développe petit à petit.
Notre volonté est d’aller au-delà de la notion de consommation, d’avoir une démarche sociétale dans toute la chaine de valeurs. Nos techniciens se déplacent en voiture à essence, ils font des kilomètres pour aller sur site, pour en revenir… Certaines entreprises du secteur ont basculé leur flotte d’intervention en véhicules électriques par exemple. Le but serait d’étendre cette vision environnementale à tout ce qui gravite autour. Cela pourrait passer par la pertinence de la bonne intervention au bon moment. Le digital doit aussi aider à ça. Le traitement des déchets est également problématique. Quand on fait de la maintenance sur des équipements techniques, on collecte forcément des pièces usagées. Comment les traiter ensuite ?
En résumé, réduire notre impact sur l’environnement sur tous les aspects : c’est notre avenir !